Rarement, le besoin de s’informer aura été aussi essentiel. En ces temps de crise sanitaire et de confinement inédits, le quotidien des Belges est rythmé par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et par toutes les informations qui s’y rapportent, notamment en matière de traitement et de mesures de prévention. Comme l’a révélé l’enquête que nous avons réalisée en collaboration avec l’institut Dedicated, 66 % des Belges consultent davantage les médias depuis le début du confinement et 82 % se déclarent satisfaits de la qualité de la couverture médiatique.
Souvent décriés par le fléau des fake news qui écorne leur métier, les journalistes sont en train de regagner du crédit au sein de l’opinion en assumant quasiment une mission de service public. Ils ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts pour informer sur cette crise en temps réel, en démêlant le vrai du faux, sans semer la panique ni minimiser la gravité des faits. Et tout cela, dans des conditions de travail jamais connues auparavant. Les journalistes pratiquent un métier qui n’est pas sans risques. On ne les comparera pas aux professionnels du monde médical qui se battent 24h sur 24 pour sauver des vies. Mais au même titre que d’autres (facteurs, commerçants, caissiers, livreurs, chauffeurs…), certains d’entre eux sont en première ligne. Tout particulièrement les reporters qui se rendent sur le terrain, dans les hôpitaux et les maisons de repos. Une situation qui s’apparente un peu au journalisme de guerre. A période exceptionnelle, rôles inhabituels. On voit des journalistes appeler à la solidarité et au civisme ; d’autres font davantage preuve d’empathie et d’émotion dans le traitement de l’information, comme au moment des attentats.
Une crise d’une telle ampleur démontre plus que jamais la nécessité d’avoir une presse indépendante de qualité, qui vérifie les informations qu’elle diffuse et rectifie les données inexactes ou incomplètes qui circulent parfois : il en va de la vie des gens.
Paradoxalement, malgré les audiences historiques et la forte demande d’informations, cette crise sanitaire risque de faire de nombreuses victimes dans le monde de la presse. Déjà fragilisés par la vague de mutation digitale en cours, certains groupes ou titres de presse sont en grave péril du fait de l’effondrement du marché publicitaire. Le chômage partiel est de mise dans de nombreuses rédactions, rabotant les revenus des journalistes salariés. Pour leurs confrères indépendants, la situation est carrément intenable. Depuis la mi-mars, soucieuses de recourir sans tarder à des mesures d’économie, les directions de certains médias ont diminué, voire mis fin à la plupart de leurs collaborations. Motif : il n’y a désormais plus à couvrir certains pans de l’actualité, dès lors que toute une série d’activités se sont arrêtées, comme en culture, en sport ou en tourisme.
Dès lors que leur travail, discret, est aussi essentiel au fonctionnement démocratique, les journalistes méritent, dans ces circonstances si particulières, eux aussi d’être soutenus par les pouvoirs publics. En temps de crise sanitaire, une information correcte sur le coronavirus est tout aussi indispensable à la population que du matériel de protection.